La bourse, la serviette et le manteau – 1/5 … !!!

Dans la série des contes & légendes de basse-Bretagne

Selaouit holl, mar hoc’h eus c’hoant,
Hag e cleofot eur gaozic koant.
Ha na eûs en-hi netra gaou
Mes, marteze, eur gir pe daou :
******
Écoutez tous, si vous voulez,
Et vous entendrez un joli petit conte,
Dans lequel il n’y a pas de mensonge,
Si ce n’est peut-être un mot ou deux.

Il y avait une fois un vieux paysan Breton, qui avait trois fils.

Il avait fait un prêtre de l’aîné, un cultivateur du second, et le troisième était clerc. A son lit de mort, il les appela près de lui et leur parla de la sorte :
— « Mes chers enfants, Dieu m’appelle, mon heure est venue et je vais vous quitter. Je ne suis pas riche, vous le savez bien, et il m’a fallu travailler pour vous élever et vous donner de l’instruction. Je ne m’en irai pourtant pas de ce monde sans vous faire à chacun un présent. 
A toi, mon fils clerc, qui est le plus jeune, et qui aura souvent besoin d’argent, je donne ma vieille bourse.

Elle n’est pas belle, mais, elle est bonne, et, chaque fois que tu y mettras la main, tu en retireras cent écus.
A toi, mon fils le cultivateur, qui aura besoin de beaucoup d’hommes, pour défricher tes terres incultes et labourer tes champs, je donne cette serviette, (et il lui présenta une serviette),  qui te sera utile, pour les nourrir.

En effet, il te suffira de l’étendre sur une table, ou même par terre, et de dire : Par la vertu de ma serviette, je désire un repas pour tant d’hommes, composé de tels et tels plats ! Et aussitôt tu verras ton souhait accompli.
Et toi, mon fils le prêtre, que les devoirs de ton ministère obligent à voyager souvent de nuit, pour voir les malades et administrer les agonisants, et qui, par conséquent, court souvent des dangers, je te donne ce manteau (et il lui présenta un manteau), qui possède cette vertu que, quand tu le mettras sur tes épaules, tu deviendras invisible.

De plus, il te transportera à volonté par les airs, partout où tu voudras aller. »
Les trois fils reçurent en pleurant les présents de leur père, et le vieillard mourut.
Ils lui rendirent les derniers devoirs, honorablement, puis ils se séparèrent, et chacun d’eux alla de son côté.
Suivons d’abord le plus jeune, le clerc, lequel avait la bourse merveilleuse qui donnait cent écus, chaque fois qu’on y mettait la main.

Il se rendit à Paris. Il descendit dans un des meilleurs hôtels de la ville, et, comme il avait de l’argent à discrétion, il faisait de grandes dépenses.
Il acheta de beaux habits, des bijoux, des chevaux, et, au train qu’il menait, on le prenait pour un prince.
Il finit même par croire qu’il l’était réellement, et l’idée lui vint d’aller faire visite au roi, dans son palais.
Il mit donc ses plus beaux habits, se para de ses bijoux et de ses diamants et alla frapper à la porte du palais royal.
— « Qu’y a-t-il pour votre service, mon prince ? » lui demanda le portier.
— « Je désire parler au roi », répondit-il.
— « Veuillez me dire votre nom, et je vais lui demander s’il veut vous recevoir. »
— « Pas tant de cérémonies, portier, prenez ceci et laissez-moi passer. »
Et il donna cent écus au portier.

Celui-ci s’inclina, jusqu’à terre, en demandant excuse, et le laissa passer.
Il pénétra dans la cour, entra dans la première porte qu’il trouva ouverte, monta un escalier et se trouva face à face avec un soldat, qui était en faction à une porte.
— « Où allez-vous ? » lui demanda le soldat.
— « Voir le roi », répondit-il.
— « On ne pénètre pas ainsi jusqu’à Sa Majesté; dites votre nom d’abord, on le lui portera, et, s’il veut bien vous recevoir, vous passerez. »
— « Bah ! Trop de cérémonies, soldat, prenez ceci et laissez-moi passer. »
Et il lui offrit aussi cent écus.
— « C’est ma consigne », répondit le soldat, en repoussant l’argent, « et je ne vous laisserai pas passer comme cela. »
— « Vous trouvez que ce n’est pas assez, sans doute, qu’à cela ne tienne, tenez ! »
Et il lui offrit trois fois cent écus.
Le soldat ne put rester insensible à tant de générosité. Il prit l’or et laissa passer le prince inconnu.
Celui-ci  arriva alors jusqu’au roi, sans autre obstacle. Il se montra si aimable, si spirituel et surtout si flatteur, que le monarque l’invita à revenir, le lendemain.
Il n’eut garde d’y manquer, et, partout où il passait, il distribuait des poignées d’or aux valets, aux femmes de chambre, aux cuisiniers.
Si bien qu’il n’était bruit que de lui, dans le palais, et tout le monde chantait ses louanges, vantant sa beauté, son esprit et sa générosité.
La femme de chambre de la princesse, fille unique du roi, avait aussi reçu quelques poignées d’or, et elle fit un tel éloge du prince inconnu à sa maîtresse, que celle-ci désira le voir.

Le roi l’invita à dîner, et la princesse fut charmée par son esprit et son amabilité, comme tout le monde. Le roi ne pouvait plus se passer de sa société, et, presque tous les jours, il le retenait à dîner. Il distribuait toujours l’or autour de lui, avec une prodigalité étonnante.
La femme de chambre de la princesse, qui l’observait avec curiosité, soupçonna quelque magie ou sorcellerie là-dessous. Un jour, elle dit à sa maîtresse :
— « Ce prince possède une bourse enchantée, qui lui fournit de l’or à discrétion ! Il faudrait lui dérober cette bourse. »
— « Mais comment s’y prendre pour cela ? » Demanda la princesse.
— « Il est ordinairement à côté de vous, à table; versez-lui dans son verre, sans qu’il s’en aperçoive, un soporifique; il s’endormira, et nous lui enlèverons sa bourse. »
La princesse trouva le moyen bon, et elle promit de le mettre en pratique.
Elle s’y prit si adroitement, que personne ne se douta de rien.
Il but…!!!

Vers la fin du repas, notre homme fut pris d’un sommeil si irrésistible, que sa tête tomba lourdement sur la table, et il s’endormit.
Les convives, étonnés, se levèrent de table et quittèrent la salle à manger.
Alors, la femme de chambre de la princesse s’approcha de lui, sur la pointe du pied, prit la bourse, dans sa poche et courut la porter à sa maîtresse.
Quand le dormeur s’éveilla, il fut étonné de se trouver ainsi où il était. Il courut, tout honteux, à son hôtel, et ce ne fut que là qu’il s’aperçut que sa bourse lui avait été dérobée.
— « Je suis pris ! » se dit-il,  « et il ne me reste plus qu’à m’en retourner dans mon pays, au plus vite. Mais, je reviendrai. »
Il conta son aventure à son hôte, et, bien qu’il lui dût quelque argent, celui-ci le laissa partir, sans difficulté, car il promettait de revenir, sans tarder, pour payer ses dettes et prendre sa revanche.

A Suivre …

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

31 réflexions sur « La bourse, la serviette et le manteau – 1/5 … !!! »

  1. …déjà la fin de cette page, il va nous falloir attendre pour la suite, j’ai hâte!
    Bonne journée!
    Bises de Mireille du Sablon

  2. Bonjour Zaza.
    J’espère que comme nous tu as passé un bon week-end et que tu vas bien.
    Cette semaine, je n’ai pas envie de bricoler. J’en ai raz le bol…
    La météo nous annonce une semaine de canicule, on verra bien.
    En attendant je te souhaite une bonne semaine.
    Bisous de nous deux.

  3. Toujours un régal de te lire , voyons la suite
    Bon semaine caniculaire restons sous abri, eau, éventail, ventilo, crudités ,fruits, lecture ça tombe bien , sieste, le programme pour moi hihihihi bon lundi bises ma douce

  4. Nous revoilà partit sur les routes de contes et légendes et déjà l’illusion peut devenir désillusion.
    Bonne journée Zaza
    Mon amie artiste ne pouvant pas entrer sur ton île avec son fourgon elle a renoncé à venir à Batz je viendrais surement seule … à suivre à moins que je n’amène Quya !!!
    Bisous

  5. C’était couru, pour et avec l’argent on a tendance à se laisser aller…
    J’attends la suite avec impatience.
    Bises et belle journée

  6. Arf je ne vais pas pouvoir lire la suite avant une semaine , je prends bien mon téléphone portable dans les Vosges mais je n’arrive pas à garder la connexion quand je vais voir le billet .
    Bonne semaine Zaza
    Bisous

  7. Bonjour Zaza
    Merci pour ce passionnant comte breton ….vite la suite ….
    bonne fin de journée au son des flots
    Amitiés

  8. Bonjour Zaza, et voilà le commencement d’une belle histoire, la suite s’il te plaît. Bisous et bon après-midi MTH

  9. Il aurait dû être un peu plus modeste et discret ce brave jeune homme … J’espère qu’il pourra récupérer sa bourse ! La canicule est là,on se ménage! Bisous

  10. J’ai adoré, passionnante lecture!
    Une atmosphère comme on les aime, pleine de magie et de suspense
    gros bisous ma Zaza, douces pensées et merci du partage
    Cendrine

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