Nestor Boyaux reprend du service – 2/8

Chapitre II

Nestor BOYAUX était tout de même très inquiet pour son ami Alex TÉRIEUR.

Pourtant il savait ce dernier très débrouillard, mais cette nuit sans regagner sa chambre du Campanile ne lui disait rien qui vaille, comme un mauvais pressentiment !
Sans plus tarder, il se rendit au TNB (Théâtre National de Bretagne) et se mit à questionner le personnel.
Malheureusement personne n’avait vu sortir le célèbre détective suisse romand.
Nestor sortit alors et se mit à questionner les chauffeurs de taxi qui se tenaient habituellement aux alentours du théâtre.
Une fois encore, personne n’avait vu monsieur Alex TÉRIEUR.
– « Ma parole, on dirait qu’il s’est envolé. Il lui est certainement arrivé quelque chose. Cette disparition n’est pas naturelle. »
Les jours passèrent et malgré de nombreuses recherches, Nestor BOYAUX restait toujours sans nouvelles de son ami.
Cinq jours déjà s’étaient écoulés, lorsqu’un beau matin, le concierge vint frapper à la porte de Nestor.
– « Qu’est-ce qu’il y a, Loïc ? »
– « Un gamin qui veut vous voir. Dois-je le laisser monter ? »
– « Certainement. »
Le concierge sortit  dans l’escalier pour faire monter le gamin.

Pendant ce temps, Nestor courut jusqu’à son réfrigérateur et sortit un litre de jus de fruit et quelques gâteaux qui semblaient bien appétissants.
Comme pour la plupart des enfants, Nestor jugea que le gamin devait être affamé. Il ne s’était pas trompé.
Le gamin pouvait avoir douze ans. Il avait une figure amaigrie, émaciée, et cependant, pas dénuée d’expression. Il eut même été empreint d’une certaine beauté étrange s’il avait été propre. Mais sa figure et ses mains sentaient la crasse et ses cheveux ne devaient avoir que des relations très espacées avec le peigne et la brosse.
Ses vêtements usagés offraient toutefois une particularité bizarre.
Sur toutes leurs faces, par devant, par derrière, enfin sur tous les côtés aussi, se trouvaient cousues des boutons de toutes les formes.
Nestor BOYAUX en apercevant le nouveau venu ne put s’empêcher de sourire.
– « Tu as donc mis ton uniforme ce matin ? », dit-il en plaisantant.
– « Ce n’est pas mon uniforme. Je porte cela tous les jours », répondit le gosse.
– « Comment t’appelles-tu ? »
– « Paul UTION, mais on m’appelle BOUTONS. »
Nestor BOYAUX partit d’un grand éclat de rire.
Il lui montra le jus de fruit et les gâteaux que le môme avait déjà lorgnés en entrant.
– « As-tu faim ? »
– « Un peu », dit-il, « comme gêné. »
– « Eh bien mange les gâteaux sur cette assiette. »
– « Merci bien, monsieur Nestor BOYAUX. »
– « Tu parleras après. On parle beaucoup mieux quand on a l’estomac plein. »
Lorsque le gamin eut terminé le dernier gâteau, il soupira et repoussa l’assiette loin de lui.
– « Tu as bien mangé ? »
– « Oh oui, monsieur. »
– « Crois-tu qu’il te reste assez de forces pour me raconter ce qui t’a amené chez moi ? »
– « Ah ! Mon Dieu, et moi qui allait oublier. »
Paul UTION fouilla dans ses poches et en retira un morceau de papier brun, du papier d’emballage, tout chiffonné.
On pouvait y lire néanmoins quelques lignes tracées à la hâte au crayon.
Il présenta ce papier à Nestor en lui disant :
– « C’était tout chiffonné comme ça quand je l’ai trouvé. Ça faisait une petite boule à laquelle était attachée une ficelle. Se trouvait attaché un bouton, à l’un des bouts. Le voici… »
Et du doigt, il désignait un bouton cousu à son veston.
– « Vous voyez », continua-t-il, « si ce n’avait pas été pour ce bouton, je crois bien que je ne me serais pas occupé du bout de papier. »
– « Où as-tu trouvé cela ? »
– « Près d’un ruisseau. Le bouton brillait au soleil et il attira mon attention. Vous comprenez que je me suis précipité dessus. J’ai coupé la ficelle en deux et j’ai jeté le papier. »
– « Tu es revenu ? »
– « Oui. En descendant la rue, l’idée m’est venue que c’était vraiment bizarre de voir un bouton ainsi attaché à une boule de papier. »
– « Et tu es retourné chercher le papier ? »
– « Oui, j’ai retrouvé la petite boule. Il y avait deux papiers que je dépliai. Quelques lignes étaient écrites sur le premier papier. Tenez, lisez. L’autre papier je ne l’ai pas encore ouvert. Vous comprenez, la lecture ce n’est pas mon fort. Ça m’a pris presque cinq minutes pour lire ces mots-là ! »
Nestor parcourut des yeux, les lignes tracées au crayon.


« Celui qui trouvera ce papier sera gracieusement récompensé par monsieur Nestor BOYAUX, s’il lui remet sans retard cette autre feuille de papier. »


Nestor reconnut immédiatement l’écriture.
– « Où exactement as-tu trouvé ce papier ? »
– « Près d’un ruisseau, je vous l’ai dit. »
– « Mais quel ruisseau ? »
– « Celui qui se trouve dans la quartier du Blosne. Je peux vous montrer l’endroit si vous voulez. »
– « Nous irons tout à l’heure. »
– « Quand j’ai vu écrit, qu’il y avait une récompense, j’ai pas hésité, j’suis v’nu tout d’suite. Et la récompense, je l’ai bien eue avec le bon repas que vous venez de m’offrir. »
– « Quand as-tu trouvé ce papier, Paul ? »
– « Il y a deux heures, peut-être, j’ai eu juste le temps de coudre le bouton à mon habit et j’suis venu. »
– « Maintenant, tais-toi un instant, je vais lire ce qui est écrit sur l’autre bout de papier… »
Nestor déplia la seconde feuille et se mit à lire :


 « Pris au piège. Automobile près du théâtre. Reçu coup sur la tête. Repris connaissance ici. Ne sais pas où je suis. Petite chambre sans fenêtre. Ouverture près du toit, mais trop petite pour sortir. Chemin de fer tout proche. Peut-être est-ce Ali GATOR, bien qu’en prison, qui est la cause de tout cela. Geôliers inconnus. Attaché par chaîne au mur. Trouvé morceau de papier, avait crayon et ficelle et prit bouton pour faire poids. Venez à mon secours. On m’a dit qu’il ne me restait que quelques jours à vivre. J’ai vu un visage. L’homme ressemble beaucoup à Ali GATOR, mais plus âgé, plus grand, plus fort et plus brutal.
Venez vite.
Alex TÉRIEUR »


Nestor relut la lettre deux ou trois fois, la replia et la remit dans sa poche.
– « BOUTONS, puisque c’est ainsi que l’on t’appelle », dit-il en regardant le gamin, « hier soir, il a plu ici. Est-il tombé de l’eau là où tu te trouvais ? »
– « Oui. »
– « À quelle heure ? »
– « À dix heures, environ. »
– « Pendant longtemps ? »
– « Jusque vers onze heures. »
Nestor regarda le papier.
– « Ce papier n’est pas humide… »
– « Je l’ai remarqué, moi aussi. »
– « Donc, il a été jeté dans la rue, après que la pluie eut cessé de tomber, et c’est vers huit heures du matin que tu l’as trouvé ? »
– « Oui, à peu près. Je venais de finir de vendre mes journaux du matin, et d’ordinaire je termine vers huit heures. »
Nestor se leva :
– « Maintenant, tu vas m’indiquer exactement où tu as trouvé cette boule. »
– « Très bien. »
– « Tu peux venir tout de suite ? »
– « Quand vous voudrez. »
Accompagné de Paul UTION et de ses boutons, Nestor BOYAUX prit le métro qui les conduisit tout près du quartier du Blosne.
À peine sortis de la bouche de métro, Paul UTION pris la  direction du Blosne pour retrouver le ruisseau.
– « Tenez, monsieur Nestor BOYAUX, c’est là que j’ai trouvé le papier. »
Nestor leva les yeux, en examinant avec soin les immeubles qui se trouvaient des deux côtés de la rue.
Un quartier populaire qui sentait la misère !
Nestor finit par apercevoir, tout au haut d’une ancienne maison, sous la toiture qui avançait à la hauteur du grenier, une toute petite ouverture carrée.
Parmi les logements avoisinants, nulle n’avait d’ouverture pareille.
– « Je ne peux pas me tromper, c’est bien là. C’est bien l’ouverture dont Alex TÉRIEUR  m’a parlé. »
Nestor se retourna vers le gamin, qui était resté près de lui.
– « BOUTONS, je ne t’ai pas dit ce que contenait la lettre que j’ai reçue, mais je t’expliquerai tout cela plus tard. »
– « Bien, monsieur. »
– « En attendant, tu vas rester ici, devant cette maison. Je vais entrer. Si quelqu’un en sort, prend bien soin de remarquer le signalement de cette personne, de façon à pouvoir me le restituer le plus fidèlement possible. »
– « Entendu. »
– « Sais-tu qui demeure là ? »
– « Non. »
– « Alors, c’est bien entendu, tu attends que je revienne ? »
– « Oui, oui. »
Nestor se dirigea vers la maison.
Il monta ainsi jusqu’au troisième étage, mais il dut s’arrêter. L’escalier n’allait pas plus haut.

Zut, rien pour accéder à la trappe !
Comment Nestor BOYAUX allait-il s’y prendre pour aller visiter ce grenier ????

 

Auteur/autrice : ZAZA-RAMBETTE

Une bête à corne née un 13 AVRIL 1952 Maman et Mère-Grand...! Vous trouverez ici : humour de bon matin, sagas historiques sur ma Bretagne, des contes et légendes, des nouvelles et poèmes, de très belles photographies de paysages et d’animaux, de la musique (une petite préférence pour la musique celte), des articles culturels, et de temps en temps quelques coups de gueules...! Tous droits réservés ©

30 réflexions sur « Nestor Boyaux reprend du service – 2/8 »

  1. Je suis sûre qu’il en trouverera le moyen, Zaza !
    En attendant, je ne bouge pas de l’ordi !
    Le crois-tu ??? … bien non, mais j’ai bien hâte
    de le découvrir !
    Bises♥

  2. Suite passionnante avec cette rencontre entre Nestor et ce petit gamin industrieux qui distille des indices…
    On se promène à travers le récit et on savoure, on jubile!
    Merci ma Zaza, je t’envoie de gros bisous pour une belle journée
    Cendrine

  3. Une histoire plein de suspense et j’adore en plus les jeux de mots dans les prénoms et noms . j’étais sûre que Alex Térieur était à l’intérieur et qui sait peut être avec Alain Térieur.

    1. Morte de rire !
      Martine est douée pour les jeux de mots, je n’y aurais pas pensé.
      Mais j’aime aussi énormément les noms que tu as choisis pour tes personnages.
      Un grand merci à vous deux pour ce rire du matin.
      Merci à toi pour la suite pleine de suspens… j’ai hâte.
      Bisous et douce journée.

  4. Et voilà, un premier indice qui va lui permettre de localiser son ami !
    Mais va-t-il pouvoir parvenir jusqu’à lui ???
    Je le saurais demain, sans doute …
    Alors, je reste avec boutons pour savoir.

     » Bon mardi toujours dans la grisaille
    mais du ☼ dans le coeur !
    Gros bisoux. « 

  5. et si il a pu manger toute cette assiette, son ventre doit être bien plein….ça y est le retour de Monsieur Nestor…..tu vas encore nous faire attendre de jour en jour pour en savoir toujours un peu plus…..passe une excellente journée

  6. …tu distilles ton histoire au jour le jour et quel suspense… comme à chaque fois!
    Bises de Mireille du sablon

  7. Bonjour Zaza,
    Eh oui , avec Nestor on reste toujours dans le suspense après relation avec Bouton, Myster Alex TÉRIEUR enfin localisé .. Mais voilà qu’un nouveau suspense entrave cette histoire roquenbolesque
    Donc à suivre dans ce grenier
    Bonne journée
    Amitiés

  8. Un émule du sémillant Nestor Burma, avec son oeil malicieux, Zaza et que je regrette de ne plus voir sur les écrans, tes trouvailles sont marrantes !
    Gros bisous

  9. Bonjour Zaza, je suis suspendue à tes mots, je suis sûre que Nestor va finir par arriver à la cache où est enfermé son ami, mais ce ne peut pas finir tout de suite, tu nous réserves encore des surprises pas vrai? Bisous et bonne journée MTH

  10. Zut, Renée m’a piqué mon idée ! :-))
    Vu qu’il a l’air d’un petit ramoneur, ton gamin, il pourrait peut être se faufiler dans le réduit…
    Ce sympathique Paul Ution est fin prêt pour une éventuelle guerre des boutons… il me fait penser à Gibus !
    Trop contente de te lire, ma chère Zaza… Les enfants sont partis hier soir, alors je me précipite…
    Bon gros bisous en attendant la suite

  11. Ah j’attends la suite, c’est palpitant, tu as un don c’est certain. Merci pour ce début qui nous tient la langue pendue. Merci aussi pour tes visites sur mon blog.
    Je me mets un peu au repos, ce n’est pas méchant mais les séances de kiné sont épuisantes sans parler du reste. 77 ans d’une vie heureuse mais toujours avec un pet de travers dont 2 très gros hi hi hi ! (cancer) mais je suis toujours là, ce qui m’étonne!
    Bises Zaza!

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